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SEPTIEME
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SEPTIEME
22 mai 2013

CONCERT HOMMAGE A JOHN WILLIAMS

Tiré du numéro de Mars de la revue Septième.

La Grande Musique de Films

 Le 15 Mars dernier la Salle Pleyel était comble pour un concert exceptionnel en hommage au travail du compositeur John Williams, connu principalement pour sa remarquable et longue collaboration avec Steven Spielberg. Sous la direction de Frank Strobel, l'un des plus éminents chefs d'orchestre dans le domaine de la musique de film, le London Symphony Orchestra a majestueusement interprété une quinzaine d'extraits musicaux tirés de douze films différents. Ce concert, premier d'une série consacrée à la musique de film, se voulait l'annonciateur de l'exposition qui s'ouvrait quelques jours plus tard à la Cité de la Musique : « Musique & Cinéma, le mariage du siècle ? » dont l'ambition est d'éclairer ce qui se joue dans la rencontre de ces deux arts (jusqu'au 18 Août 2013).

Complet depuis des mois cet événement constituait l'un des temps fort de la programmation de la Salle Pleyel cette saison. Les moyens mis en oeuvre pour cette soirée ne permettaient pas d'en douter.

Pour commencer, la sollicitation de l'orchestre symphonique de Londres pour jouer ce programme atypique était un choix très symbolique car, outre l'excellence du LSO il s'agit également d'un orchestre dont la relation au cinéma est privilégiée depuis plus de quatre-vingt-dix ans ! En effet, dès sa fondation en 1904, le LSO accompagne les projections de films muets, puis en 1934, L'homme qui en savait trop de Hitchcock lance réellement le LSO dans le monde du cinéma. Dès lors l'orchestre participera chaque année à de nombreuses productions cinématographiques et sera même le sujet principal du film Instruments of the Orchestra.

Par ailleurs l'installation d'un grand écran au dessus de l'orchestre permettait de projeter des extraits de films. Les spectateurs on ainsi pu retrouver quelques images de Jurassic Park, Les Dents de la mer, La Liste de Schindler, Indiana Jones, Hook, La Guerre des mondes, Rencontres du troisième type, L'Empire du soleil, Le Terminal ou bien encore E.T. Le choix de ne pas projeter d'extraits en continu ou de les remplacer parfois par des diaporamas était particulièrement judicieux, l'attention étant sinon inévitablement attirée par les images mouvantes plutôt que par les musiciens.

Enfin, si certaines projections lumineuses sur les murs de la salle s'avéraient intéressantes, par exemple dans le cadre d'une mise en ambiance pour la musique des Dents de la mer, d'autres en revanche étaient parfaitement inutiles voire même désagréables.

Musicalement, car c'est bien ce qui compte lors d'un concert, les quatre-vingt-quinze musiciens du London Symphony Orchestra ont fait preuve d'une merveilleuse cohésion et livré de splendides interprétations. Les sections violoncelles et contrebasses ainsi que le clarinettiste soliste ont particulièrement excellé. Quant au concert master, Carmine Lauriqui, pour La Liste de Schindler, s'est improvisé soliste, il a interprété le thème principal avec la même émotion que le grand Itzhac Perlman dans la version originale.

Ce qui a certainement paru surprenant aux spectateurs au début du concert était l'absence du programme de la pièce la plus grandiose et connue de Williams, une des musiques de film les plus célébrées de tous les temps, celle de Star Wars. Un concert hommage à John William sans cette composition inoubliable semble être une erreur passible de lynchage ! C'est pourquoi il était certain que retentirait en bis les cuivres triomphants de la Guerre des Etoiles. Quel surprise alors (et quelle déception !) lorsque le bis s'avère être la bande originale de Munich (de Spielberg), pourtant magnifique et enjouée. Le deuxième bis redonne le sourire avec un extrait endiablé de 1941 (toujours Spielberg) dont la musique, une marche, possède un pouvoir comique indéniable. Enfin, un énième retour de Strobel sur la scène, alors que la tension dans la salle est à son comble et que les applaudissements se font pressants, semble annoncer les notes tant attendues. D'un signe de la main il calme l'audience en lui assurant l'imminence de ce qu'elle attend depuis le début, il lève sa baguette et lorsque son bras s'abaisse c'est l'explosion symphonique. La salle se lève comme un seul homme et des cris de joie retentissent pendant quelques secondes avant que l'excellence de la musique ne les réduise au silence admiratif. Pas d'extraits vidéos pour accompagner ce final, simplement la grandeur de la musique de Williams qui est à n'en pas douter à l'origine d'une grande part du succès phénoménal de la saga de Georges Lucas. Un moment magique rendu possible par la rencontre de deux arts et de deux maîtres.

John Williams, est, on le sait, un grand compositeur pour le cinéma, de même que l'étaient Nino Rota, Bernard Herrmann, Bill Conti, Elmer Bernstein, Ennio Morricone et bien d'autres, mais il est également un compositeur de concert et un chef d'orchestre talentueux. Son écriture, maîtrisée, pleine de références et héritière d'un siècle de musique hollywoodienne, est un brillant exemple de la musique orchestrale.

Sa rencontre en 1974 avec Steven Spielberg pour Sugarland Express est le début d'une collaboration dont le réalisateur ne pourrait aujourd'hui plus se passer. Quelque notes de l'un évoquent désormais immanquablement les images de l'autre et on trouve dans cette collaboration quelque chose de l'essence de la musique de film.

Ce concert, pour lequel des groupes d'anglais ont tout spécialement traversé la Manche, prouve que l'alliance musique et cinéma est décidément une recette à succès. Même pour la plus somptueuse interprétation de la plus belle symphonie de Beethoven ou Tchaïkovski, personne à la Salle Pleyel ne se lève ni ne manifeste le même enthousiasme que celui qui a envahi la salle le soir du 15 Mars. La musique de film rassemble des amateurs de tous âges et de tous milieux dans une passion et une excitation partagée. Des cris, des larmes même, la musique de John Williams ne laisse personne indifférent, parce qu'elle est d'une immense qualité d'une part mais également parce que le cinéma rassemble comme aucun art n'a su le faire. Voilà comment deux arts fusionnent et se complètent pour atteindre une audience plus large et transmettre une émotion décuplée. 

Clara Muller

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